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dimanche, 09 avril 2017

Entretiens spirituels et écrits métaphysiques

« Voie » de l’ontologie fondamentale et de l’ésotérisme mystique

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Il n'y a rien à posséder ultimement du mystère existentiel,

rien à conquérir de façon positive de cette origine en devenir d’elle-même,

et il n'y a non plus rien à dépasser, car l'Être n'est jamais atteint ;

 il séjourne dans son retrait, il demeure inaccessible éternellement dans son « Néant ».

 «Voguez à ma suite, dans l’abîme […]

Voguez ! L’abîme libre blanc, l’infini sont devant vous. »

(Kasimir Malevitch, Le Suprématisme, 1919).

 

Une seule question est de nature fondamentale, celle de l’essence de « l’Être » en sa vérité principielle,  ce qui relève, évidemment, de « l’ontologie » par excellence, et en ce qui concerne l’orientation spécifique de la recherche spirituelle et initiatique véritable, c’est-à-dire à la fois « non-apocryphe » et authentiquement transcendante, une ontologie qui ne peut être, en raison de la situation des conditions de la présence de l’être au monde, et sa nature foncièrement dialectique, qu’une « ontologie négative ».

I. Les deux « voies » ontologiques fondatrices

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Conséquemment, et à ce titre Martin Heidegger (1889-1976), et Joseph de Maistre sont en parfait accord dans le constatlouis-claude de saint-martin,cathares,catharisme,dualisme,être,non-être,néant,ontologie,ontologie négative,jean-marc vivenza,franc-maçonnerie,initiation,ésotérisme,martinisme,martinès de pasqually,illuminisme,pasqually,théosophie,tradition,vivenza,histoire,spiritualité,jacob boehme,origène,fénelon,christianisme transcendant,christianisme,doctrine de la réintégration,réintégration,religion,mystique,maître eckhart,denys l’aréopagite,hegel,origénisme,émanation,deux principes,non-dualisme,plotin,mysterium magnum,philosophie,métaphysique,vacuité,infini,joseph de maistre,saint augustin,rené guénon,martin heidegger,nihilisme qu’il n’y a pas d’extériorité par rapport au « nihilisme », c’est-à-dire qu’il n’existe pas d’alternative, de nostalgie d’un avant ou d’un après, c’est l’existence elle-même, par delà les époques, qui est plongée dans l’abîme du nihil (rien), qui est confrontée, depuis la rupture originelle, de par son « déchirement » [1], à la nécessité d’affronter la question de l’absence, du délaissement, de l’angoisse et de la perte, du tragique de l’échec et de la mort, pour le dire en un mot du « mal », car l’expérience du monde que nous éprouvons participe d’une détermination à l’antagonisme de deux forces contraires qui sont présentes partout dont l’homme n’a pas le pouvoir de se libérer, puisque c’est une détermination structurelle ontologique : « L'être-dans-le-monde est un existential, c'est-à-dire une détermination constitutive de l'exister humain, un mode d'être propre à l'être-là. [...] L'être-dans-le-monde, en tant qu'existential, est une relation originaire.» [2]

II.  La détermination au négatif est inscrite dans l’Être

Exister, être, c'est donc être jeté de « l’Unité » vers la division, projeté « du haut vers le bas » disait Origène (+ 252) [3], abandonné dans le relatif, le contingent, c'est être dépendant totalement de faits et de causes qui déterminent la non-possibilité de l’harmonie et de la durée, et rendent totalement vaines et vouées à l’inutilité les infructueuses tentatives humaines - notamment politiques, mais pas seulement, car on peut y adjoindre, l’art, la philosophie, la science, etc. -, qui tendent à modifier les conditions de l’être au monde. 

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« Le mal a tout souillé, et dans un sens très vrai

tout est mal puisque rien n’est à sa place [...]

Tout les êtres gémissent et tendent avec effort

vers un autre ordre des choses.»

- Joseph de Maistre -

Joseph de Maistre affirmait : « Le mal a tout souillé, et dans un sens très vrai tout est mal puisque rien n’est à sa place [...] Tout les êtres gémissent et tendent avec effort vers un autre ordre des choses.» [4] Mais après la Révolution, suite un examen approfondi de ses causes, il comprit qu’aucun temps n’était exempt de négativité, et étendit le diagnostic de façon transversale à l’Histoire elle-même, voyant d’ailleurs que la « Révolution », de par sa nature antichrétienne, son violent rejet de toutes les formes de sacralité, ayant mené un combat violent contre l’Église et son clergé qui est allé jusqu’aux crimes les plus abominables, participait non pas des idées politiques, mais de l’histoire des religions [5]

III. L’bandon de tout but positif (l’’apolitia) comme principe et ascèse spirituelle

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Ayant perçu cette origine, il convient d’abandonner tout but positif extérieur rendu irréalisable, non pas parce que cette époque serait celle de la « dissolution générale », mais parce qu’il est nécessaire de comprendre que la détermination au négatif est inscrite, depuis toujours, dans l'Être, qu’elle réside et demeure de façon intangible dans le « Tout », c’est-à-dire la totalité de « l’exister » même, et il qu’il n'y a en conséquence eu de réalité en ce monde, avant même le début des temps, de façon permanente, que déterminée et soumise, c'est-à-dire reliée à une cause qui est une déchirure, liée à une rupture fondatrice, à une scission qui se trouve dans l’essence même de l’Être ; une réalité dépendante d’un manque qui est une perte tragique survenue, au commencement, à l’intérieur de « l’Unité » première, situation absolument terrible que Maistre résume en une phrase : « Ce monde est une milice, un combat éternel. » [7]  À cet égard, « l’’apolitia » s’impose donc comme règle, pouvant s’étendre pour tout esprit conscient et éveillé, non pas uniquement à notre « période de dissolution », mais en tant qu’attitude constante de présence au monde et discipline de vie, loi spirituelle, ascèse héroïque et voie ontologique qui est celle des voyageurs solitaires souhaitant accéder aux cimes des monts élevés, là où règne, dans la solitude et le silence, l’éternelle « Lumière ».

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« Il n’y a pas de formes positives données

fournissant un sens et une légitimité vraie 

sur lesquelles on puisse s’appuyer aujourd’hui.

Désormais, une ‘‘sacralisation’’ de la vie extérieure et active,

ne peut survenir que sur la base d’une orientation intérieure,

libre et authentique, vers la transcendance ....»

IV. La génération infinie des anéantissements et des renaissances éternels

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La Manifestation est l'expression extérieure

du Mystère intérieur de l'Être infini.


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l’Unité », par lequel, selon Maistre, le « mal » s’est introduit dans l’Univers et « a tout souillé » [8], ou, plus profondément encore selon Boehme,  en raison du fait que « l’éternelle origine des ténèbres» [9],  engagée dans un mouvement de génération infinie passant par des anéantissements et des renaissances éternels, accomplie sa « révélation » suressentielle. Ceci explique pourquoi chaque être, chaque système philosophique, est incapable, à lui seul, d'aller au bout de l'Être. Tout est freiné, bloqué, contraint, par un manque constitutif d'être qui est inscrit à l’intérieur de toute réalité, car initialement situé au sein de l’Être, dans la substance du « Principe ». L'unique forme du possible pour chacun, le seul devoir, la règle disciplinaire, est donc d’affronter le non-sens, le sens sans nom, l'absence de nom d’un réel absent de lui-même, de se confronter, par une approche métaphysique, ou plus précisément « d’ontologie négative », au « Néant ».  La Manifestation est l’expression « extérieure » du Mystère intérieur de l’Être Infini, la révélation de son « Verbe », ceci expliquant pourquoi, puisque le Principe est travaillé par un désir qui est à la fois lumière et ténèbres, la Manifestation comporte elle également, à l’identique de l’Être, un aspect mauvais et bon. Depuis le commencement, l’Être Infini est la « Totalité », composé du « monde-feu », du « monde des ténèbres », et du « monde-lumière », triple monde à l’intérieur d’une unique essence, un unique Principe, en trois distinctions illimitées, éternelles, animées d’une même aspiration, ou « faim de quelque chose », qui est une « Magia », dont l’étonnante résonnance, n’est pas sans évoquer la « Mâyâ », voile et clarté, pouvoir maternel de l’Un. Le lien intérieur à la « vraie vie » entre les ténèbres et la lumière, explique pourquoi toute existence humaine se trouve placée à la jonction du clair et de l’obscur, du bien et du mal, exigeant un abandon au « néant », faute de quoi elle sombre dans « l’angoisse » qui est un feu dévorant, alors que par son anéantissement, elle s’accomplit sans douleur dans la lumière, dans la « Magia » de Dieu en sa triade, c’est-à-dire sa triple essence.

a) La vie au « désert »


Reste donc, malgré cette situation « au milieu des ruines » obligeant en notre période delouis-claude de saint-martin,cathares,catharisme,dualisme,être,non-être,néant,ontologie,ontologie négative,jean-marc vivenza,franc-maçonnerie,initiation,ésotérisme,martinisme,martinès de pasqually,illuminisme,pasqually,théosophie,tradition,vivenza,histoire,spiritualité,jacob boehme,origène,fénelon,christianisme transcendant,christianisme,doctrine de la réintégration,réintégration,religion,mystique,maître eckhart,origène,denys l’aréopagite,hegel,origénisme,émanation,deux principes,non-dualisme,plotin,mysterium magnum,philosophie,métaphysique,vacuité,infini,joseph de maistre,saint augustin,rené guénon,martin heidegger,nihilisme civilisation matérialiste moderne désacralisée, une traversée de la « nuit de l’esprit » - une désacralisation qui s’est imposée à la faveur des bouleversements historiques en se dotant même à notre époque d’une légitimité officielle, et s’est introduite, par l’intermédiaire des récentes réformes conciliaires, jusqu’à l’intérieur même de l’institution ecclésiale -, qui peut être un réel « apprentissage » du désert vécu en tant qu’étape importante sur le chemin conduisant à la « réalisation », nécessitant de se mettre à distance des « institutions parodiques » [10], l’obligation d’engager une démarche comparable à celle qui, toutes périodes confondues, a contraint l’être à se vider, ou désapproprier de lui-même dans un dépouillement purificateur. Et, à cet égard, la situation d’aujourd’hui n’est point différente de ce qui toujours domina comme exigence, faisant que dès l’origine, tout était déjà finalement vicié pour les âmes en quête d’Absolu, structures religieuses ou initiatiques comprises, bien qu’infiniment moins dégradées que celles de notre temps, et que l’exil intérieur se devait d’être un moment essentiel de la recherche, un passage incontournable afin de parvenir à la « metanoia », c’est-à-dire la transformation entière et radicale de l’être, ce qui définit, en propre et à toutes les époques, une démarche spirituelle effective, en Orient comme en Occident.

b) Les vrais secrets n’ont jamais été divulgués

C’est pourquoi Guénon a tant insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas dans cette « œuvre initiatique » s’il en est, non d’une « extase », mais d’une transformation interne de l’être, en vertu de ce principe fondamental : « toute réalisation initiatique est essentiellement et purement ‘‘intérieure’’ [11]. » Mircea Eliade (1907-1986) écrit donc, à juste titre : « On a souvent affirmé, qu’une des caractéristiques du monde moderne est la disparition de l’initiation » [12], montrant que la question de l’initiation, n’a ainsi rien à voir avec les conditions de la période à laquelle elle se pose, car en réalité « les vrais secrets n’ont jamais été divulgués » [13], puisqu’ils relèvent du « mystère » indicible et informulable, mystère qui se situe au-delà de l’Être et du Non-être, là où le langage est impuissant, domaine par définition du suressentiel. L’accès à ce mystère, qui est celui par excellence de « l’Église intérieure », selon la tradition de l’Illuminisme mystique, relève donc d’une « voie » exigeante et rigoureuse, d’une discipline de l’esprit, dont les critères et les modalités restent inchangés depuis la nuit des siècles, et que préservent, et conservent, quelques rares sociétés de nature ésotériques, observant une mise en retrait à l’égard d’un monde vis-à-vis duquel elles se tiennent volontairement à distance, unique chance de faire perdurer les éléments de la transmission authentique, et d’accomplir la traversée des temps d’obscurité.

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jeudi, 26 février 2009

Nâgârjuna et la doctrine de de la vacuité

 

 

E D I T I O N   E N   L I V R E   D E   P O C H E

 

 

 

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Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité,

 

Albin-Michel, Coll. Spiritualités vivantes, février 2009.

 

 

 

"Si tout cela est vide, l’apparition et la destruction n’existe pas ....."
Nâgârjuna,
Mâdhyamaka-kârikâ, XXV, 1

 

 

Nâgârjuna, moine bouddhiste du IIe-IIIe siècle originaire de l'Inde, est célèbre pour être le fondateur de l'Ecole philosophique dite du « Milieu ». Sa vie, dont nous ne savons en réalité que peu de choses, nous est rapportée par un important corpus littéraire historique, elle est bien évidemment mêlée de légendes et de mythes d'une richesse caractéristique des hagiographies religieuses traditionnelles. Selon ces sources, Nâgârjuna tiendrait son nom de Nâga qui signifie serpent, et d'Arjuna une variété d'arbre, ce qui, symboliquement, signifierait qu'il soit né sous un arbre et que des serpents furent les instruments de la transmission de sa science et de son savoir. Ayant un jour guéri Mucilinda, le roi des Nâga, ces derniers, en forme de remerciements, lui remirent dit la tradition, les cent mille vers du Prajnâpâramitâ-sûtra. On dit également que dans le palais des Nâga, Nâgârjuna découvrit sept coffres précieux contenant de très nombreux Mahâyânasûtra. En 90 jours il mémorisa les cent mille gâthâ qui résument l'essence de la Doctrine du Prajnâpâramitâ. En forme de respect vis-à-vis de son savoir, et de reconnaissance pour son geste envers leur roi, plus tard, lorsqu'il instruira ses disciples, les mêmes Nâga, feront de leur corps une sorte d'ombrelle afin de le protéger des morsures du soleil et, de l'agression des éléments ; ceci expliquant l'origine des très nombreuses représentations iconographique figurant Nâgârjuna, la tête nimbée de sa protection reptilienne caractéristique.

 

 

Se pencher sur l'oeuvre et la pensée de Nâgârjuna, c'est sans conteste découvrir une personnalité de premier ordre, un métaphysicien de grande envergure et un redoutable dialecticien. Esprit brillant, il a le goût de la précision des formules, il cherche sans relâche, lorsqu'il se penche sur un argument, à pousser à son maximum la rigueur analytique et l'examen critique des propositions étudiées. On peut, sans crainte d'exagération, affirmer que le visage du bouddhisme n'aurait certainement pas celui que l'histoire nous présente actuellement, sans l'apport philosophique de la Voie nâgârjunienne du Milieu. Rôle central et moteur, influence capitale dans le développement des thèses fondatrices du Mahâyâna, telle est la place véritable que toutes les Ecoles, unanimement, lui reconnaissent aujourd'hui. Le souci constant de Nâgârjuna, qui l'habita dans l'ensemble de son oeuvre, qui commanda toute sa pensée, fut de maintenir fidèlement la doctrine du Bouddha dans sa pureté primitive, de lui conserver sa force initiale et première. Pour ce faire, il n'eut de cesse de combattre sans relâche, inlassablement, les tendances qui travestissaient la pensée originelle de l'Eveillé.

 

L'immense effort théorique de la dialectique (prasanga) nâgârjunienne, est de rendre toute son ampleur à cette loi de la « production conditionnée » (pratîtya-samutpâda), formulée pour la première fois dans l'histoire par le Bouddha, loi qui dans la pensée de Nâgârjuna, est absolument équivalente à la Vacuité (sûnyata) elle-même. Il est hors de question pour lui, et il insiste vigoureusement sur ce point, que des disciples de Shâkyamuni puissent se fourvoyer dans des formes insidieuses de restauration des conceptions substantialistes. Ce serait perdre ainsi l'essence du message de l'Eveillé, et compromettre de ce fait toute possibilité de parvenir à la libération (nirvâna). C'est donc d'une question cruciale dont il s'agit dans l'entreprise doctrinale de Nâgârjuna, il en va tout simplement de la possibilité même de mettre en oeuvre le processus de délivrance. Or ce processus figure comme pierre angulaire de la Voie de la libération, il en légitime même sa validité.

 

 

 

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 La structure argumentaire des Quatre Nobles Vérités ne tiendrait plus en effet, si la perspective de la cessation (nirvâna) venait à être compromise par une incompréhension du fondement principal du discours du Bouddha concernant l'origine de la souffrance (dukkha). Comprendre l'origine, c'est de manière équivalente comprendre également l'extinction, cela se tient. L'origine de la souffrance, est aussi l'origine de la libération, une seule erreur analytique, et c'est la validité et la possibilité même de la Voie qui s'en trouvent remises en question. Nâgârjuna, ne lutte donc pas théoriquement pour le simple plaisir de manipuler des concepts et des idées, pour s'adonner aux joies des joutes dialectiques, il est, bien au contraire, au service de la perspective intime de la mission du Bouddha : annoncer aux hommes, certes l'origine, mais aussi, et surtout, la possibilité de la cessation de la souffrance.

 

 

 

J.-M. Vivenza, Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité, Albin-Michel, Coll. Spiritualités vivantes, 2009, (Extraits).

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