Camille Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie (1935)
Auteur : Camille Savoire
Éditeur : La Pierre Philosophale
Année : 2015
Camille Savoire (1869-1951), trop peu connu de nos contemporains, y compris de ceux qui s’intéressent aux questions touchant au monde de l’initiation, joua pourtant un rôle essentiel, pour ne pas dire fondamental et déterminant, dans l’histoire de la franc-maçonnerie française du XXe siècle.
L’occasion de la réédition de son ouvrage : « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie », publié en septembre 1935 aux éditions initiatiques, depuis fort longtemps introuvable, nous donne, dans une Préface étendue enrichie de documents inédits, de porter un éclairage approfondi plus que mérité, et sans aucun doute fort utile, sur la personnalité de celui dont on mesure difficilement l’extraordinaire étendue de l’action, et surtout, la nature et la portée exacte de cette dernière.
En effet, Grand Commandeur du Grand Collège des Rites du Grand Orient de France, de 1923 à 1935, Camille Savoire, de par ses liens avec le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie, va être à l’origine du réveil du Régime écossais rectifié en France, en mars 1935, ce qui représente une initiative d’une portée historique considérable. Mais bien des aspects de son cheminement initiatique étaient jusqu’à présent totalement ignorés, montrant un intérêt pour le magnétisme, le Martinisme, l’Ordre des élus coëns, la Rose-Croix, ceci sans oublier ses rapports avec certains milieux situés au croisement de l’ésotérisme et de la politique, dont l’Ordre de chevalerie de « l’Alpha Galates » lors de la période de l’occupation.
Ce qui apparaît à l’évidence, en examinant la vie de Camille Savoire, c’est qu’il resta constamment, en toutes circonstances, un homme de cœur, généreux, ouvert et bon. On découvre d’ailleurs en lui un être d’une prodigieuse richesse, en permanente recherche, qui n’hésita pas à entrer en dialogue avec un nombre impressionnant d’interlocuteurs, de tous bords, de toutes conditions et d’opinions, y compris des prêtres et des religieux, demeurant imperturbablement fidèle à sa devise : « Per Caritem Scientiam et Rationem ! Pro Patria et humano genera », en ne poursuivant qu’un seul et unique but, l’ouverture du cœur au « véritable Sanctuaire de l’initiation ».
Cette recherche de la « Vérité », qu’il orthographiait toujours avec une majuscule, Camille Savoire en avait fait le but premier de son existence, et c’est ainsi, dans cette disposition d’esprit que, fatigué et malade, épuisé par un labeur intense auquel il s’était consacré sans compter, l’âme en paix, il rejoignit l’Orient éternel le 5 avril 1951, dont certains affirment, qu’il fut assisté par le père Joseph Berteloot en ses derniers instants, au moment de remettre son âme à Dieu.
Dans son analyse du livre de Camille Savoire : « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie », lors de sa parution en 1935, René Guénon (1886-1951), sembla assez bienveillant, louant même l’initiative de constituer le Régime rectifié en système autonome, en dehors des obédiences, rajoutant cette remarque qui nous semble fondamentale : «dans les circonstances présentes, [c’est] une chose des plus souhaitables, si l’on ne veut pas voir se perdre irrémédiablement les derniers vestiges d’initiation occidentale qui subsistent encore… » On ne saurait mieux résumer, selon-nous, le sens et l’objet de l’œuvre entreprise par Camille Savoire : soit travailler sans relâche, et avec courage, dans la Foi, l’Espérance et la Charité, à ce que perdurent les derniers vestiges d’initiation occidentale qui subsistent encore, de sorte que les « âmes de désir », d’aujourd’hui et de demain, puissent trouver un chemin véritable et authentique, qui conduise réellement au « Sanctuaire de la Vérité ».
Camille Savoire présenté par J.-M. Vivenza, 338 pages.
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