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2001 : Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité

2001 : Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité

Auteur : Jean-Marc Vivenza

Éditeur : Albin Michel Spirituaités

Année : 2001

Nâgârjuna, moine bouddhiste de II – III siècle originaire d’Inde, est renommé pour être le fondateur de l’école philosophique dite du "Milieu". Le rayonnement et l’immense influence de sa pensée lui permettent d’occuper aujourd’hui une place de premier ordre à l’intérieur du bouddhisme Mahâyâna, à tel point que le bouddhisme tibétain le considère comme l’un de ses maîtres, et que le Ch’an ainsi que le Zen le reconnaissent comme le quatorzième patriarche indien dans la succession des maîtres depuis le Bouddha.
Dans le traité du Milieu (Mâdhyamaka-kârikâ), son principal ouvrage, Nâgârjuna affirme que le principe de vacuité (sûnytâvâda) fonde la réalité, c’est-à-dire qu’il en est la loi essentielle, intime. "Pensée du tréfonds de la non- pensée"selon la célèbre expression de maître Dôgen, la vacuité est une pratique concrète du non- attachement, une discipline effective de la mise à distance. Rendre perceptible l’imperceptible vérité, comprendre que tout échappe à la compréhension, c’est là le sens réel de la Voie du milieu.

Se pencher sur l'oeuvre et la pensée de Nâgârjuna, c'est sans conteste découvrir une personnalité de premier ordre, un métaphysicien de grande envergure et un redoutable dialecticien. Esprit brillant, il a le goût de la précision des formules, il cherche sans relâche, lorsqu'il se penche sur un argument, à pousser à son maximum la rigueur analytique et l'examen critique des propositions étudiées. On peut, sans crainte d'exagération, affirmer que le visage du bouddhisme n'aurait certainement pas celui que l'histoire nous présente actuellement, sans l'apport philosophique de la Voie nâgârjunienne du Milieu.

Rôle central et moteur, influence capitale dans le développement des thèses fondatrices du Mahâyâna, telle est la place véritable que toutes les Ecoles, unanimement, lui reconnaissent aujourd'hui.

Le souci constant de Nâgârjuna, qui l'habita dans l'ensemble de son oeuvre, qui commanda toute sa pensée, fut de maintenir fidèlement la doctrine du Bouddha dans sa pureté primitive, de lui conserver sa force initiale et première.

L'immense effort théorique de la dialectique (prasanga) nâgârjunienne, est de rendre toute son ampleur à la loi de la "production conditionnée" (pratîtya-samutpâda), formulée pour la première fois dans l'histoire par le Bouddha, loi qui dans la pensée de Nâgârjuna, est absolument équivalente à la Vacuité (sûnyata) elle-même. Il est hors de question pour lui, et il insiste vigoureusement sur ce point, que des disciples de Shâkyamuni puissent se fourvoyer dans des formes insidieuses de restauration des conceptions substantialistes. Ce serait perdre ainsi l'essence du message de l'Eveillé, et compromettre de ce fait toute possibilité de parvenir à la libération (nirvâna). C'est donc d'une question cruciale dont il s'agit dans l'entreprise doctrinale de Nâgârjuna, il en va tout simplement de la possibilité même de mettre en oeuvre le processus de délivrance. Or ce processus figure comme pierre angulaire de la Voie de la libération, il en légitime même sa validité.

La structure argumentaire des Quatre Nobles Vérités ne tiendrait plus en effet, si la perspective de la cessation (nirvâna) venait à être compromise par une incompréhension du fondement principal du discours du Bouddha concernant l'origine de la souffrance (dukkha). Comprendre l'origine, c'est de manière équivalente comprendre également l'extinction, cela se tient. L'origine de la souffrance, est aussi l'origine de la libération, une seule erreur analytique, et c'est la validité et la possibilité même de la Voie qui s'en trouvent remises en question. Nâgârjuna, ne lutte donc pas théoriquement pour le simple plaisir de manipuler des concepts et des idées, pour s'adonner aux joies des joutes dialectiques, il est, bien au contraire, au service de la perspective intime de la mission du Bouddha : annoncer aux hommes, certes l'origine, mais aussi, et surtout, la possibilité de la cessation de la souffrance.

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