2004 : François Malaval et la contemplation de la "Divine Ténèbre"
Auteur : Jean-Marc Vivenza
Éditeur : Arma Artis
Année : 2004
François Malaval (1627-1719) et la contemplation de la "Divine Ténèbre" : Vie et doctrine d'un pieux aveugle marseillais impliqué dans la controverse sur le quiétisme.
S’il est un spirituel qualifié pour parler de la « Divine Ténèbre », s’il est un être qui, plus que tout autre, vécu dans sa propre chair tout au long de sa vie l’expérience concrète de la nuit des sens, c’est, sans aucun doute, François Malaval (1627-1719), aveugle marseillais auteur d’une œuvre originale touchant aux aspects les plus mystérieux et cachés de la contemplation mystique, œuvre, hélas, largement méconnue, et cependant l’une des plus subtiles et élevées qui aient été écrites sur ce sujet difficile.
L'existence de François Malaval, telle que nous la rapportera au XIXe siècle son principal biographe, l'abbé Dassy, fondateur de l'Institution Marseillaise des Jeunes Aveugles , a de quoi susciter l'étonnement tant son exemplarité est de nature à exercer une vive et pressente admiration . En effet, frappé très tôt de cécité, François Malaval va développer, de par ses remarquables dons intellectuels, une connaissance et un savoir étendus dans de nombreux domaines. Doté de riches facultés, il se plongera, avec une ardeur soutenue et une rigueur constante, dans la découverte des textes anciens, méditant les écrits les plus significatifs de l'histoire de la pensée humaine, se nourrissant, également, des docteurs ayant défriché les voies complexes de l’ascension de l’âme vers Dieu.
Entraîné, contre son gré, dans les tourments de la querelle quiétiste, il parviendra à se maintenir au sein d’un pénétrant silence, dont il avait fait l'objet même de sa contemplation intérieure, consacrant l'essentiel de ses forces à son immersion, sans réserve, au plus profond de la lumineuse nuit de la « Divine Ténèbre » qui lui était, plus qu'à quiconque, et pour d'évidentes raisons, quasi « naturelle ».
François Malaval est le type même du contemplatif, en retrait des illusoires et fragiles mirages de ce monde, ayant engagé toute son âme dans la quête du contact avec « Celui » qui à son séjour au plus intime de chacun d’entre nous. Il ne cessera d’aller puiser à cette vivifiante source, à ce « pur Rien » qui est « Tout », comme le saint exercice incomparable de l’oraison de foi simple et nue le lui fit sentir et éprouver, écoutant la parole de ce doux Verbe qui, mystérieusement, parle dans la prière, substantiellement uni à la racine la plus profonde de son être, jusqu’à même s’y confondre, et ce dans une surprenante identité, dépassant les humaines et contingentes limites que sa condition d’aveugle lui avait, paradoxalement, aidée à transcender.
Malaval voulu être, et restera, le témoin par excellence de la vision transcendante surgissant au cœur de l’ineffable mystère de l’indicible entretien où, par de célestes opérations, communiquent et se confondent, dès ici-bas, le créé et l’Incréé ne cessant d’émerveiller l’âme et l’illuminer entièrement et souverainement, préfigurant son éternelle union à Dieu.
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