2012 : La doctrine de la réintégration des êtres
Auteur : Jean-Marc Vivenza
Éditeur : La Pierre Philosophale
Année : 2012
Si les courants de l’illuminisme européen sont incontestablement chrétiens, il est évident que les thématiques qui se trouvent à l’intérieur de leurs thèses (émanation des âmes, vision négative de la création, rejet du corps et de la matière, destination céleste purement immatérielle des créatures, etc.), non de manière périphérique et anecdotique, mais de façon centrale, relèvent de nombreuses sources mais dont une se distingue plus particulièrement : l’origénisme, qui professe un christianisme original comportant des thèses singulières.
Ces thèses ont été condamnées par l’Eglise puisque dans sa vision dogmatique officielle la Création est un don, un bienfait dû à la bonté de Dieu, non une réponse à une faute antécédente qui aurait eu pour conséquence, en forme de sanction, d’emprisonner les âmes dans des corps de « matière ténébreuse ». La destination de l’homme pour la foi, telle que soutenue par les trois confessions chrétiennes (catholique, orthodoxe, réformée), est de ressusciter dans sa chair, certes transfigurée et guérie de ses vices, imperfections et difformités, mais bien dans son corps régénéré afin de bénéficier des joies du Royaume.
Cependant pouvons nous en rester à ce constat, considérant que la cause est entendue et qu’il nous faut, puisque des idées dépréciatives sur la matière et la création issues principalement d’Origène et dans une moindre mesure de saint Augustin, se trouvent – et elles sont positivement et objectivement présentes chez les élus coëns, au cœur le plus central du Régime Ecossais Rectifié et dans la pensée de Saint-Martin – nous écarter de ces positions et, les rejetant, nous mettre par conséquence obligatoire à distance des voies initiatiques, sauf à en tordre la doctrine, et modifier ainsi complètement la perspective des Ordres qui se fondent sur les bases de cet enseignement ?
Pour appréhender véritablement les enjeux de cette réflexion doctrinale importante s’il en est, il convient de clarifier deux points principaux relatifs à la sensibilité en effet « origéniste » qui fut partagée par Martinès de Pasqually (+ 1774), Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803) et Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), de sorte que nous puissions comprendre en quoi l’adhésion à leur doctrine représente, non une option du point de vue initiatique lorsqu’on est membre de ses voies, mais relève d’un enseignement spirituel il est nécessaire d’adhérer, faute de quoi on se met soi-même en dehors des critères d’appartenance des Ordres dont le rôle est de préserver les éléments doctrinaux établis par leurs fondateurs.
Beaucoup se demandent pourquoi cette allusion chez Willermoz à « des choses (…) parfaitement connues des Chefs de l'Eglise pendant les quatre ou six premiers siècles du christianisme. Mais, depuis lors….successivement perdues et effacées » ? Cet ouvrage montre qu’il y a sans doute une réponse à cela, qui apparaît à la réflexion plus qu’évidente…
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