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mardi, 10 février 2015

Camille Savoire et les Temples de la Franc-maçonnerie

Vie,  pensée et parcours initiatique d’un franc-maçon du Régime écossais rectifié

Jean-Marc Vivenza

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« La Matière n'est qu'une transformation de l'Esprit,

elle cherche à dominer ce dernier et à l'asservir,

alors que l'homme sage que doit être le Franc-Maçon

cherche à se libérer des emprises de la Matière. »

(Camille Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie,

Les éditions intiatiques, 1935, p. 31).

 

Camille Savoire (1869-1951), trop peu connu de nos contemporains, y compris de ceux qui s’intéressent aux questions touchant au monde de l’initiation, joua pourtant un rôle essentiel, pour ne pas dire fondamental et déterminant, dans l’histoire de la franc-maçonnerie française du XXe siècle, et notamment pour le Régime écossais rectifié, dont il est à l'origine du "réveil" en France.

L’occasion de la réédition de son ouvrage : « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie », publié en septembre 1935 aux éditions initiatiques, depuis fort longtemps introuvable, nous donne de porter un éclairage approfondi plus que mérité, et sans aucun doute fort utile, sur la vie et personnalité de celui dont on mesure difficilement l’extraordinaire étendue de l’action, et surtout, la nature et la portée exacte de cette dernière.

I. Entrée en franc-maçonnerie (1892)

Cinq après avoir assisté à une conférence organisée par le Grand Orient de France à Orléans, le 14 octobre 1892, il entrait en franc-maçonnerie dans une Loge de la Grande Loge Symbolique Écossaise qui avait été créée en 1880 et qui sera à l’origine de la Grande Loge de France (G.L.D.F.). Il quitta cependant cette Grande Loge au bout d’un an, au profit du Grand Orient de France (G.O.D.F.), où il fera un long parcours.

Vénérable Maître de sa Loge en 1897, charge qu’il occupa jusqu’en 1913, Savoire avait sollicité en 1896 Paul Viguier (1828-1901) pour être admis au Chapitre, puis au Conseil Philosophique « L’Avenir », dont il devint le Président. Suite à quoi, poursuivant sur son évolution maçonnique, en 1897 il intégrait le Grand Collège des Rites où il reçut les 31ème, 32ème et 33ème degrés du Rite écossais ancien et accepté. Ainsi, à partir de 1913, au sein du Grand Collège des Rites, il entreprit de renouveler cette institution, créant le « Bulletin du Grand Collège des Rites », dont la documentation représenta une sorte de synthèse de l’ensemble de l’activité des structures fédérant les Hauts-Grades, tout en publiant des travaux de qualité.

II. Grand Commandeur du Grand Collège des Rites au sein du Grand Orient de France (1923-1935)

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Bulletin du Grand Collège des Rites, 

« Les Ateliers Supérieurs du Grand Orient de France ; historique - doctrine »,

Par Camille Savoire et André Lebey, 1924.

« Dès que je fus investi de la fonction

de Grand Commandeur du Grand Collège des Rites,

par une de ces mystérieuses influences dont la vie est rem­plie,

de par une puissance inconnue,

il se produisit, dans mes conceptions philosophiques et maçonniques,

une transformation complète. »

(Camille Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie,

op.cit., p. 27). 

Cet investissement fit que, « sollicité et malgré un refus motivé et formel », le 15 septembre 1923, Savoire devint le Grand Commandeur du Grand Collège des Rites, charge qu’il occupa durant douze ans, jusqu’en 1935, temps pendant lequel, de l’agnostique qu’il était, il parvint à une conception beaucoup plus ouverte sur la spiritualité, se désolant du climat d’intolérance qu’avait créé l’athéisme dogmatique : « Dès que je fus investi de cette haute fonction, par une de ces mystérieuses influences dont la vie est rem­plie et au milieu desquelles nous évoluons souvent sans en avoir conscience, mus par une puissance inconnue, il se produisit, dans mes conceptions philosophiques et maçonniques, une transformation complète (…) Je dois ajouter, pour rendre hommage à la vérité, que je ne trouvai pas, dans le Grand Collège des Rites, le grand centre initiatique d'études symboliques, ri­tuelles et philosophiques que je pressentais. La plupart de ses membres, depuis la mort du Grand Commandeur Blatin, en 1911, semblaient avoir perdu de vue la mis­sion dévolue au Grand Collège des Rites au sein du Grand Orient, mission qui avait été elle-même très res­treinte à la suite de la rupture des relations des Maçon­neries étrangères de Hauts-Grades avec le Grand Orient, devenu schismatique à leurs yeux, pour avoir, en 1876, supprimé le symbole et la formule invocatoire rituelle : « A la Gloire du Grand Architecte de l'Uni­vers ». Ce vote avait amené peu à peu, au sein du Grand Orient de France, l'existence d'un dogmatisme maté­rialiste irraisonné, stupidement athée dans le sens où l'entendait Anderson et qui, pour être nié en théorie, n'en existait pas moins. Cet état d'esprit rendait diffi­cile, par l'intolérance qu'il créait, tout travail initia­tique. Les rituels de 1887, élaborés à la suite du véritable coup d'Etat maçonnique de 1885, et ceux de 1920 avaient entièrement faussé le travail initiatique qui doit s'effectuer graduellement après chacune des augmenta­tions de salaire. » [1]

III. De l’agnosticisme au spiritualisme

Camille Savoire, de l’agnosticisme de son jeune âge va, peu à peu, sans doute de par l’exercice de sa charge et son contact avec les degrés élevés des différents Rites maçonniques, évoluer vers un spiritualisme qui, pour n’être point une adhésion pleine et entière à une « Révélation », participait néanmoins d’un refus du matérialisme.

 

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« L'étude approfondie des anciens rituels,

en m'éclairant à la lumière des travaux d'occultistes

ou d'initiés anciens ou modernes,

me permit d'entrevoir le caractère initia­tique de la Franc-Maçonnerie. »

(Camille Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie,

op.cit., p. 30).

Il explique ainsi cette progressive évolution, l’ayant amené à admettre le caractère « initiatique » de la franc-maçonnerie, ce qui pour lui représentait une découverte significative : « Appelé à exercer les fonctions de Grand Comman­deur, mon premier soin fut d'étudier l'histoire et de rechercher l'origine des Ateliers supérieurs de tous grades et de tous rites existant au sein du Grand Orient (…) ce fut le désir de travailler dans le secret et le silence, à l'abri des regards indis­crets de la police et des autorités qui attira vers la Franc-Maçonnerie les adeptes de certaines organisa­tions philosophiques, initiatiques ou occultistes, survi­vances des anciennes confréries de Rose-Croix, Alchi­mistes, Illuminés d'Allemagne ou de Bavière, lesquelles vinrent s'agréger au sein de la Franc-Maçonnerie en y constituant des Loges d'un caractère spécial qui, lors des projets de classification en 7, puis en 15 et, enfin, en 33 grades, adoptèrent des titres distinctifs (…) Quoi qu'il en soit de ces origines, l'étude approfondie des anciens rituels, en m'éclairant à la lumière des travaux d'occultistes ou d'initiés anciens ou modernes, me permit d'entrevoir nettement le caractère initia­tique de la Franc-Maçonnerie, tel que l'avaient conçu certains de ses adeptes, et de le comparer aux sociétés initiatiques de tous les temps, sinon par les moyens employés, mais par les buts poursuivis, la communauté des symboles, de certaines appellations, mots et signes de reconnaissance, formes rituelles, épreuves. » [2] 

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« Ce fut le désir de travailler dans le secret et le silence,

(…) qui attira vers la Franc-Maçonnerie les adeptes

de certaines organisa­tions .... survi­vances des anciennes confréries 

lesquelles vinrent (…) [constituer] des Loges d'un caractère spécial.. »

De cette première conviction portant sur le caractère initiatique de la franc-maçonnerie, en surgira une autre, à savoir la nécessité pour l’initié de devoir se livrer à un travail intérieur pour parvenir à la pleine compréhension de ce que signifie « l’Esprit », pour reprendre l’expression employée par Savoire : « Des études poursuivies pendant plus de dix ans (…), j'acquis la notion que seul un travail intérieur effectué sur soi-même peut faire progresser dans la voie de l'initiation, laquelle n'est qu'une éducation de ce sens intime qu'on désigne sous le nom d'intuition et qui n'est vraisemblablement qu'une com­munion ou une prise de contact avec l'Intelligence universelle. Cette notion est incompatible avec une pro­fession de foi matérialiste. Tout ceci me conduisit vers un spiritualisme s'élevant au-dessus des dogmes des religions, des diverses croyances philosophiques et métaphysiques qui m'a paru constituer le véritable fon­dement de la Franc-Maçonnerie…» [3]

Une certitude dès lors s’imposait pour Camille Savoire, l’initié doit chercher à se libérer des emprises de la Matière : « s'était effectuée en moi une accession vers la conception d'un monde dans lequel la Matière qui, dans ses divers aspects, n'est qu'une transformation de l'Esprit, cherche à dominer ce dernier et à l'asservir, alors que l'homme sage que doit être le Franc-Maçon cherche à se libérer des emprises de la Matière. » [4]

IV. Liens avec le Grand Prieuré Indépendant  d’Helvétie

On le constate, loin du portrait que l’on présente encore parfois de lui, en quelques années, Camille Savoire, de par ses fonctions de Grand Commandeur des Rites et son cheminement maçonnique personnel, avait profondément évolué, puisque du matérialiste agnostique qu’il déclarait être dans sa période de jeunesse, il était devenu un spiritualiste qui, pour conserver son attachement à la liberté de penser – liberté non synonyme pour lui d’incroyance – néanmoins, n’hésitait plus à se référer à la kabbale, aux Rose-Croix, refusant l’athéisme et en appelant à un travail intérieur capable de faire accéder l’initié à la connaissance véritable de la « Gnose », entendue comme l’expression de « l’âme universelle ».

On est donc très loin d’une attitude de rejet de la spiritualité, bien au contraire. D’ailleurs, la suite de son parcours va nous le démontrer éloquemment.

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Camille Savoire, à Genève,

fut armé Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (C.B.C.S.),

le 11 juin 1910 en prenant pour nom d’ordre Eques a Fortitudine.

 

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La cérémonie témoigne de l’intérêt de Savoire pour le Rite écossais rectifié, qui n’était plus pratiqué en France depuis le XIXe siècle, et qui était regardé par les maçons comme un Rite de tendance chrétienne, ce qui n’est point inexact, ceci montrant les sympathies initiatiques de celui qui était entré en contact avec le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie (G.P.I.H.), en cherchant à développer et étendre ses contacts avec les structures obédientielles étrangères, en s’affiliant à une structure, à l’époque, amie du Grand Orient de France, non ostracisée par son rejet à la référence au Grand Architecte de l’Univers depuis 1877.

Cette réception, mais nous devrions dire, plus exactement, cet « armement », car il s’agissait bien de cela, réalisé comme nous l’apprend Savoire par équivalence avec les 30ème et 33ème degrés du Rite écossais ancien et accepté, allait correspondre également à la fondation par le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie d’une « Commanderie » du Rite écossais rectifié à Paris rattachée à la Préfecture de Genève, le Directoire de Genève prévoyant, si les choses se déroulaient correctement au cours du temps, de réveiller, dans un délai non défini, le Directoire de Neustrie, selon la formule employée : « lorsque la Préfecture à venir remplirait les exigences du Code », promettant de rendre à ce Directoire tous ses pouvoirs constitutifs, y compris ceux de fonder des Loges des trois premiers Grades, ce qui laisse entendre clairement, que l’intention de 1910 portait en germe, quoique de façon non explicite, l’édification future du Grand Directoire des Gaules de 1935.

V. Premier réveil du Rite écossais rectifié en France (1911)

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Pièce de la Loge de Maître Écossais de Saint-André

du « Centre des Amis », Orient de Paris, époque Louis XVI.

Les Lettres-patentes rédigées à cette occasion par le G.P.I.H., fixaient le cadre de ce premier réveil en stipulant le domaine de compétence de la Commanderie constituée, laissant entrevoir la création d’une Préfecture de Paris qui avait vocation à travailler sous les auspices du Directoire Écossais d’Helvétie selon les exigences du Code Général de 1778.C’est ainsi qu’à son retour à Paris, Savoire, soutenu par les Frères Ribaucourt et  Bastard, décidait de constituer, le 20 juin 1910, une Loge symbolique travaillant au Rite écossais rectifié sous le nom du « Centre des Amis », initiative qui eut une importance considérable pour le devenir de la vie initiatique française.

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Médaille de la Loge de Maître Écossais de Saint-André

du « Centre des Amis », Orient de Paris, 1911,

in E. de Ribaucourt, Résumé de l’Histoire du Régime Écossais Rectifié,

Extrait de la revue L’Acacia, Paris, 1912.

VI. Approfondissement des liens initiatiques

S’ouvre alors, une période intermédiaire, qui aboutira au final en mars 1935, au réveil complet du Régime écossais rectifié en France, période pendant laquelle Savoire va, inexorablement, considérer qu’il n’est pas possible de faire vivre le Régime rectifié dans le cadre des obédiences maçonniques, et qu’il convient donc de le constituer en tant que système autonome.

Les archives nous apprennent que, dans ces années allant de 1911 à 1935, Savoire étendit ses liens initiatiques et spirituels, entrant en relation étroite avec un jésuite franc-maçon, le père Joseph Berteloot (1881-1955), nous laissant imaginer ce que les entretiens  qu’ils eurent l’un avec l’autre ont pu avoir comme influence, ce à quoi il faut rajouter, son admission au sein de l’Ordre Martiniste.

En effet, en 1921, Savoire va se rapprocher du martinisme, par l’intermédiaire du Chapitre Saint-André Apôtre n° 2, dirigé par Serge Constantinovitch Marcotoune (+ 1971). Ce dernier, parmi les membres fondateurs de la Société occultiste internationale (SOI), dirigée par Jean Bricaud (1881-1934), entendait succéder au Groupe indépendant d'études ésotériques fondé par Papus en 1889. [5]

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Harvey Spencer Lewis (1883-1939)

Il fut accueilli au Temple « Arthur Groussier » du Grand Orient de France

par Camille Savoire le 20 septembre 1926.  

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VII. Le Réveil du « Grand Directoire des Gaules » (mars 1935)

Il est bien évident que de telles dispositions d’esprit chez Savoire, au sein d’un Grand Orient de France profondément agnostique, véhiculant une culture de quasi athéisme militant, ne pouvait conduire qu’à une succession d’incompréhensions qui, d’ailleurs, vont aboutir à une rupture radicale.

Camille Savoire, le 5 avril 1924 à Genève, en sa qualité de Grand Commandeur du Grand Collège des Rites, fut reçu par le G.P.I.H., qui avait installé à la charge de Grand-Prieur Ernest Rochat, (1868-1953), Eq. a Studio,  depuis le 26 avril 1919 et qui les resta jusqu’en 1939. Ces liens étroits, renforçant une amitié mutuelle participant d’une commune estime, vont intervenir directement dans les événements qui surviendront peu après. En ces années, Savoire ne semble poursuivre qu’un seul but qui lui tient à cœur : le réveil complet du Régime rectifié sur le territoire français.

La solution alternative, devant l’impossibilité d’établir le Régime au sein du Grand Orient de France, va s’imposer d’elle-même, Camille Savoire comprenant que le Régime, au fond, tant en raison de son essence que de sa nature organisationnelle, se devait d’être pratiqué en dehors des obédiences en tant que système autonome. C’est cette idée qui fut à l’origine de la constitution du Grand Directoire des Gaules en mars 1935.

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Constitution du « Grand Directoire des Gaules »,
lors de la tenue de la Préfecture de Genève,  le 23 mars 1935, à Neuilly-sur-Seine,

in J. Baylot, Histoire du Rite Écossais Rectifié de France au XXe siècle,

Collection historique, Grande Chancellerie de l’Ordre, 1976, p. 71.

 

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Charte Constitutive et Lettres Patentes pour le réveil du Régime Écossais Rectifié en France,

sous l’obédience du Grand Directoires des Gaules, 

 (Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie, 20 et 23 mars1935).

 

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Quatre mois plus tard après la constitution du Grand Directoire des Gaules, un Traité d'alliance etcamille savoire,synarchie,mouvement synarchique d'empire,prieuré de sion,pierre plantard,vaincre,alpha galates,jean-marc vivenza,franc-maçonnerie,rite écossais rectifié,régime écossais rectifié,grand directoire des gaules,grand prieuré des gaules,willermoz,jean-baptiste willermoz,initiation,ésotérisme,occultisme,martinisme,élus coëns,martinès de pasqually,louis-claude de saint-martin,illuminisme,martinésisme,pasqually,théosophie,tradition,vivenza,histoire,spiritualité,gnose,gnosticisme d'amitié fut conclu avec le Grand Prieuré d’Helvétie, le 5 juillet à Genève, et le 25 du même mois à Paris, et ce « pour une période indéterminée », les deux puissances maçonniques se reconnaissant pour « seules et uniques Puissances Souveraines du Régime Écossais Rectifié dans leurs pays respectifs, savoir : le Grand Directoire des Gaules pour la France et ses Colonies et le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie pour toute la Suisse, et n’admettent comme ateliers réguliers du Régime Rectifié que ceux constitués en France par le Grand Directoire des Gaules, et en Suisse que ceux relevant directement du Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie.»[10]

 


VIII. Période de la guerre (1939-1945)

Malgré le rude combat qu’il devait mener pour inscrire dans la réalité le retour sur la scène de l’Histoire du projet willermozien, Camille Savoire, admirable de conviction, de ténacité et de fidélité, persuadé depuis l’échec de sa tentative d’implantation du système, arrêté lors du Convent des Gaules en 1778 et entériné en 1782 à Wilhelmsbad, au G.O.D.F., du fait que le Régime Écossais Rectifié doit et ne peut, de par son originalité organisationnelle, sa conception hiérarchique chevaleresque et sa spécificité initiatique chrétienne, que vivre en dehors des structures obédientielles classiques, quoiqu’à la tête d’une structure fragile, réduite à des effectifs dérisoires, maintenait par principe, envers et contre tout, ce qui était pour lui sans prix, à savoir l’indépendance de l’Ordre. Camille Savoire, par prudence, souhaitant protéger et préserver l’existence du Régime et celles de ses membres, le jour de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, mettait officiellement l’Ordre en sommeil.

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Le 3 septembre 1939, Camille Savoire

mit officiellement le Grand Directoire des Gaules en sommeil. 

Mais si la prudence fut la ligne directrice de Savoire « anticipant prudemment les retombées de la politique antimaçonnique de Vichy (…) », néanmoins, et de manière silencieuse, Camille Savoire « n’en poursuit pas moins discrètement don activité maçonnique, et recrute de nouveaux éléments pour ses Chapitres, notamment dans les milieux martinistes qui ne sont guère inquiétés, leur promettant seulement de les régulariser après la fin du conflit ; ce qu’il fera effectivement, recueillant alors de vives critiques.

a) Second « réveil » de l’Ordre des élus-cohen

On sait que pendant la guerre, alors que les sociétés secrètes et la franc-maçonnerie par la loi du 13 août 1940 furent interdites, plusieurs initiés œuvrèrent afin que la lumière des flambeaux subsiste et soit maintenue au cœur de la nuit, tandis que d’autres, convaincus de l’importance de leur décision, se lancèrent dans une audacieuse « opération » de réveil.

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La Charte de reconstitution de l’Ordre fondé par Martinès de Pasqually au XVIIIe siècle, en date du vendredi 3 septembre 1943, s’appuyait, pour valider ce second réveil des coëns, sur sa qualité de C.B.C.S., comme le fait apparaître son diplôme de Grand Maître de l’Ordre Cohen. Un élément du témoignage de Robert Ambelain est instructif au sujet du lien qui rattacha indirectement Savoire à ce réveil : « Camille Savoire, dès qu’il eut appris de Georges Bogé de Lagrèze le réveil des Cohen et l’utilisation (notamment) de la filiation des « Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte », nous demanda de ne pas faire d’imprudences (nous étions alors sous l’occupation allemande et le Gouvernement de Vichy), ajoutant : «Après la guerre, je vous régulariserai…» [12]  Ce que l’on sait moins, c’est que pour donner à ce lien initiatique entre Willermoz et la « Résurgence » un caractère symbolique, Camille Savoire « accepta, en 1943, dès la Résurgence de l’Ordre des Élus-Cohen, la charge de Grand-Maître d’Honneur de cet Ordre. À sa mort, le diplôme affirmant cette qualité fut, avec ses autres Chartes et Patentes maçonniques, déposé aux archives du Suprême Conseil du Rite Écossais, à la Grande Loge de France.» [13]

b) Mise en sommeil du Grand Directoire des Gaules

Pour éviter les persécutions et perquisitions, les archives de l’Ordre ayant été transférées à son domicile après la fermeture du Temple de Neuilly, lors de l’armistice du 22 juin 1940, Savoire écrivit aux autorités « pour signifier la dissolution du Grand Prieuré en insistant sur son total apolitisme et sur le fait que tout en étant une organisation maçonnique, il s’agissait d’une institution chrétienne ne menaçant pas l’ordre public. » [14] Cela n’empêcha pas la police allemande de venir perquisitionner à six reprises l’appartement de Savoire, et ce ne fut que grâce au dévouement exemplaire de sa gouvernante que la plus grande partie des archives put être, providentiellement, mise à l’abri et sauvegardée. Mais l’attitude de Camille Savoire, et sa déclaration faite aux autorités de Vichy afin de démontrer le total apolitisme de l’Ordre, furent parfois interprétées comme participant de quelques sympathies, voire de liens, avec certains courants de la droite réactionnaire, alors même qu’on se plut à laisser dire également après-guerre, que son comportement, à l’égard des forces d’occupation, pouvait être sujet à caution.

IX. Les liens politiques et idéologiques : L’Alpha Galates : pour une nouvelle chevalerie européenne

Ainsi, dans leur Histoire de la Franc-maçonnerie en France, J.-A. Faucher et A. Ricker soutinrent que lorsquecamille savoire,synarchie,mouvement synarchique d'empire,prieuré de sion,pierre plantard,vaincre,alpha galates,jean-marc vivenza,franc-maçonnerie,rite écossais rectifié,régime écossais rectifié,grand directoire des gaules,grand prieuré des gaules,willermoz,jean-baptiste willermoz,initiation,ésotérisme,occultisme,martinisme,élus coëns,martinès de pasqually,louis-claude de saint-martin,illuminisme,martinésisme,pasqually,théosophie,tradition,vivenza,histoire,spiritualité,gnose,gnosticisme Camille Savoire quitta le Grand Orient de France en 1935, plusieurs des Frères qui le suivirent, étaient membres du « Mouvement Synarchique d’Empire ». [15] La déclaration relevant de l’hypothèse quasi invérifiable car le Mouvement Synarchique d’Empire avait fait du secret une règle et une quasi « voie de salut », faute de documentation suffisante, participe du domaine de la spéculation historique, et il convient de ce fait de rester très prudent face à une telle affirmation à laquelle on se gardera donc de conférer un crédit trop important.

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Vaincre, numéro 2, 1re Année, du 21 octobre 1942.

« Patrie, patriotisme et internationalisme », par le Docteur Camille Savoire.

Le premier des articles publiés par Savoire dans « Vaincre », le 21 octobre 1942, s’intitulait « Patrie, patriotisme et internationalisme », il y déplorait l’affaiblissement de l’amour de la patrie, comme l’une des causes de la défaite de 1940, et appelait à un retour à l’idéalisme national, mais qui forgerait des armes « pour le bonheur de l’humanité tout entière », ce qui participait bien de sa sensibilité personnelle : « Toutes les générations d’ancêtres, ont lutté et parfois souffert jusqu’à la mort pour un même idéal. Pour la constitution, l’amplification et la conservation, d’un même patrimoine matériel, intellectuel et spirituel  (…) » Camille Savoire, qui plus est, ce qui montre l’authenticité de cette contribution, en lui donnant un caractère quasi officiel, signait son article dans « Vaincre » par son nom de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte : « Eques a Fortitudine », le faisant suivre de sa devise qui était celle également du Grand Prieuré Indépendant des Gaules : « Pro Patria et Humano Genera » [20] 

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« Notre époque de scepticisme,

adoration de la forme matérielle de l’athéisme,

avait si nécessairement besoin d’une réaction franchement chrétienne

que dans tous les milieux où a pénétré la doctrine de l’Alpha,

elle a ramené à la compréhension du Christ

bien des esprits que certaines manœuvres avaient éloigné de la foi.. »

Dans le numéro 4 de « Vaincre », en décembre 1942, Savoire allait jusqu’à exposer ce qu’était l’Alpha Galates, en professant un christianisme qui, pour se déclarer « ésotérique », ne cachait cependant pas sa foi dans le « Christ-Roi » : « Notre ordre, dans son ensemble, est surtout une école de chevalerie morale, s’efforçant de développer la spiritualité de ses membres par l’étude du monde invisible et de ses lois (…) l’Alpha est le sommet ésotérique du Christianisme dont il conserve intégralement les principes (…). Notre époque de scepticisme, adoration de la forme matérielle de l’athéisme, avait si nécessairement besoin d’une réaction franchement chrétienne que dans tous les milieux où a pénétré la doctrine de l’Alpha, elle a ramené à la compréhension du Christ bien des esprits que certaines manœuvres avaient éloigné de la foi (…). Nos membres sont des chrétiens libres de toute attache et les accusations de ‘‘Cléricaux’’ ou de ‘‘Maçons’’ leur font hausser les épaules, en appelant le pardon du Ciel sur ceux qui le calomnient injustement ; ils restent simplement des chevaliers fervents du CHRIST-ROI [en gras et majuscules dans le texte n.d.a.], des ennemis de la violence, des synarchistes résolus, opposés à toute anarchie d’en haut ou d’en bas, en un mot des Maîtres initiés, comme le furent nos glorieux ancêtres : les Druides. » [21]

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«Vaincre », n° 4, 1er Année, 21 décembre 1942.

Nous voilà, en des termes qui jamais n’avaient été aussi clairs et catégoriques, face à une déclaration de christianisme, sans doute unique sous la plume de Savoire - et rajoutons totalement inédite jusqu’à nos jours car c’est la première fois, depuis 1942, qu’elle est rendue publique -, nous montrant ce que put être la conviction au regard de la mission dévolue à la chevalerie fondée sur une compréhension « ésotérique » de l’initiation. On relèvera également, ce qui dans la période où ce texte fut rédigé n’est pas anodin, une information qui, pour autant qu’elle n’est point synonyme évidemment d’un lien formel avec le Mouvement Synarchiste d’Empire, n’en est pas moins significative pour ceux se désignant comme : « des synarchistes résolus, opposés à toute anarchie d’en haut ou d’en bas. » Quoiqu’il en soit, apparemment favorable au Régime de Vichy, souhaitant la constitution « d’un ordre occidental nouveau, une jeune chevalerie européenne dont le mot d’ordre sera Solidarité, et dans laquelle chaque nation devra être représentée, première étape des Etats-Unis d’Occident » [22], la revue « Vaincre » n’en fut pas moins dénoncée violemment par le journal collaborationniste « Le Pilori », au motif qu’elle était un refuge de francs-maçons et d’ésotéristes, ce qui d’ailleurs n’était point faux. Cette dénonciation publique, amena Pierre Plantard et les membres de l’Alpha Galates, à décider de cesser immédiatement la parution de « Vaincre » afin de se protéger d’éventuelles investigations policières. Les craintes n’étaient point infondées, puisque Pierre Plantard, en novembre 1943, quelques mois après la parution du dernier numéro de « Vaincre », fut arrêté par le Sicherheitsdienst (SD) allemand,et interné à Fresnes (cellule n°356, 2ème div. 3ème étage), et ne fut libéré que le 2 février 1944.

Quant aux propos tenus par Arthur Pfannstiel (1901-1983), ancien sous-officier de la Gestapo attaché à la direction des services antimaçonniques en France sous les ordre du lieutenant Moritz, qui s’exprima, lors d’une audition, le 29 octobre 1945, devant la Direction de la Surveillance du territoire (D.S.T.), au sujet des prétendus liens de Camille Savoire avec l'occupant nazi, en réalité Arthur Pfannstiel livra plusieurs noms bien connus des milieux initiatiques, parmi des dizaines d’autres, lors de cet interrogatoire, que nous ne rendons pas publics en cet article, mais que nous reproduisons dans la Préface à la réédition des « Regards  sur les Temples de la Franc-maçonnerie » qui s'étend, avec des documents inédits, sur plus de soixante pages [23]. On y constate, que Savoire fut simplement le médecin de Mme Pfannstiel, comme il s’en expliqua lui-même : « Pendant l’Occupation dénoncé comme israélite et Franc-Maçon, je fus convoqué dans un bureau sis 29, av. Hoche où je fus interrogé par un nommé Pfannsteil. N’étant pas israélite je n’ai pas été inquiété. Toutefois Pfannsteil me demanda de soigner sa femme. J’ai su par la suite que cet individu était le chef à Paris des Services allemands s’occupant des associations dissoutes, Francs-Maçons, etc. » [24]

XIV. Reprise de l’activité maçonnique après-guerre (1946)

Après la fin de la guerre, alors que la situation en France retrouvait un climat de paix et de concorde sociale que les heures sombres, malheureusement, avaient troublé, exactement le 15 décembre 1946, Camille Savoire, toujours aussi attaché à l’esprit du Régime rectifié et au projet de bienfaisance spirituelle qui était le sien, déclarait, avec grande joie, réveillé le "Grand Prieuré des Gaules" (G.P.D.G.) (sic) [25], l’exprimant au R.P. Joseph Berteloot s.j. en ces termes :  « Hier dimanche j'ai procédé à Paris à l'ouverture pour la 1re fois depuis le départ des Allemands d'une Loge rectifiée composée de très bons éléments jeunes, et dans les instructions que j'ai données à ces jeunes maçons je leur ai signalé la faute commise par nos prédécesseurs qui, sous prétexte d'anticléricalisme, sombrèrent dans l'anti-religion et avec la religion détruisirent la morale qui ne faisait qu'un bloc avec les Religions, et je leur assignai comme but la régénération spirituelle de la démocratie nouvelle.» [26]

XV. Les dernières années d’une « âme de désir »

Plus les années avançaient, plus Camille Savoire tenait à l’œuvre entreprise sur le plan initiatique, continuant à veiller sur le devenir du Régime écossais rectifié, plus, également, sa sensibilité dans le domaine de la transcendance semble se confirmer. En effet Savoire, qui s’était rapproché de nombreux prêtres ouverts au dialogue avec la franc-maçonnerie au cours de sa vie initiatique,  avait établi une correspondance avec le Père abbé Clément Guilloux, qui demeurait au presbytère de Bains sur Oust dans le Canton de Redon en Bretagne, allant du 18 juin 1938 au 4 septembre 1945.

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« Vous éprouverez, vous aussi, comme saint Augustin :

‘‘Seigneur vous nous avez fait pour vous

et notre âme n’est pas en repos tant qu’elle ne vous a pas trouvé’’. »

Dans une lettre du 16 avril 1942, l’abbé Guilloux écrivait à Savoire, montrant l’état de ses préoccupations spirituelles et de sa situation intérieure, très loin de manifester une hostilité à la question religieuse tout en se défiant de ce qui serait en mesure de contraindre de façon autoritaire la vie intime de l’âme : « Après votre Maman qui fut une sainte si délicieusement aimante et équilibré, après votre Marc (le fils de Camille Savoire disparu) si raisonnable et si ferme dans ses espoirs et ses certitudes, vous éprouverez, vous aussi, comme saint Augustin : ‘‘Seigneur vous nous avez fait pour vous et notre âme n’est pas en repos tant qu’elle ne vous a pas trouvé’’.  Quand le saint curé d’Ars trouvait autrefois des âmes qui en étaient à votre stade et qui voulaient encore discuter, il leur disait de sa voix douce et irrésistible : mettez-vous à genoux et confessez-vous. Le patient se laissait faire et ‘‘l’opération’’ finie, le curé condescendant (ou peut-être malicieux) lâchait : et maintenant, voyons donc ces objections. A quoi l’autre répondait : ‘‘mais je n’en ai plus’’. » [27]

Or, les objections, si Camille Savoire en avait encore, certes, à formuler à l’égard de l’Église catholique et son dogmatisme, il n’en avait point à l’encontre du spiritualisme spéculatif qui pour lui était synonyme de « connaissance », c’est-à-dire de la « Gnose » qui constitue même, selon lui, « l’objet principal de l’institution initiatique », ainsi qu’il le déclarait, en 1939, dans la préface qu’il accorda à un opuscule publié par Constant Chevillon (1880-1944), alors Grand Maître de l'Ordre Martiniste, « Le Vrai Visage de la Franc-maçonnerie » : « Ce livre constitue pour l'adepte un véritable catéchisme et un guide sur la route de l’initiation conduisant à la Gnose, cette connaissance suprême qui ne connaît pas les limitations de connaissance. C'est en effet l'acquisition de la Gnose qui constitue l’objet principal de l’institution. Car elle est indispensable à la recherche de la Vérité sans laquelle on ne saurait travailler au perfectionnement individuel et collectif des êtres.» [28]

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«  La Gnose, cette connaissance suprême ... constitue l’objet principal

de l’institution [maçonnique] ...

elle est indispensable à la recherche de la Vérité .....»

Ce qui apparaît à l’évidence, en examinant la vie de Camille Savoire, c’est qu’il resta constamment, en toutes circonstances, un homme de cœur, généreux, ouvert et bon. On découvre d’ailleurs en lui un être d’une prodigieuse richesse, en permanente recherche, qui n’hésita pas à entrer en dialogue avec un nombre impressionnant d’interlocuteurs, de tous bords, de toutes conditions et d’opinions, y compris des prêtres et des religieux, demeurant imperturbablement fidèle à sa devise : « Per Caritem Scientiam et Rationem ! Pro Patria et humano genera », en ne poursuivant qu’un seul et unique but, l’ouverture du cœur au « véritable Sanctuaire de l’initiation ». Cette recherche de la « Vérité », qu’il orthographiait toujours avec une majuscule, Camille Savoire en avait fait le but premier de son existence, et c’est ainsi, dans cette disposition d’esprit que, fatigué et malade, épuisé par un labeur intense auquel il s’était consacré sans compter, l’âme en paix, il rejoignit l’Orient éternel le 5 avril 1951, dont certains affirment, qu’il fut assisté par le père Joseph Berteloot en ses derniers instants, au moment de remettre son âme à Dieu.

Dans son analyse du livre de Camille Savoire : « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie », lors de sa parution en 1935, René Guénon (1886-1951), sembla assez bienveillant, louant même l’initiative de constituer le Régime rectifié en système autonome, en dehors des obédiences, rajoutant cette remarque qui nous semble fondamentale : «dans les circonstances présentes, [c’est] une chose des plus souhaitables, si l’on ne veut pas voir se perdre irrémédiablement les derniers vestiges d’initiation occidentale qui subsistent encore… » [29] On ne saurait mieux résumer, selon-nous, le sens et l’objet de l’œuvre entreprise par Camille Savoire : soit travailler sans relâche, et avec courage, dans la Foi, l’Espérance et la Charité, à ce que perdurent les derniers vestiges d’initiation occidentale qui subsistent encore, de sorte que les « âmes de désir », d’aujourd’hui et de demain, puissent trouver un chemin véritable et authentique, qui conduise réellement au « Sanctuaire de la Vérité ».

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Pour commander le livre :

Regards sur les Temples de la Franc-Maçonnerie 

Éditions La Pierre Philosophale, 338 p., (dont 90 pages de Préface). 

Notes.

1. C. Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie, Éditions Intiatiques, 1935, pp. 20-21.

2. Ibid., p.29-30.

3. Ibid., p. 30-31.

4. Ibid.

5. Les événements liés  la Révolution, contraignirent Serge Marcotoune à l’exil, et il s’installa à Paris, (rue Chalgrin, puis rue de la Trémoille), où il constitua, de par une patente de Jean Bricaud du 22 décembre 1920, la Loge Saint-André Apôtre n°2 (reprenant, en référence, le titre de la loge de Kiev mais avec une nouvelle matricule), Loge qui allait certes regrouper de nombreux Russes et Ukrainiens en exil, mais également des français, principalement des maçons dont en particulier ceux travaillant au Rite écossais rectifié, attirés par le climat de profonde spiritualité que l’on trouvait à Saint-André Apôtre.

6. Harvey Spencer Lewis, lors d’un premier voyage en France en 1909, avait pris contact avec le responsable de la Librairie du magnétisme à Paris, Henri Durville (1887-1963), qui lui proposa de traverser l'Atlantique pour rencontrer un professeur capable de l'instruire sur la Rose-Croix. Lewis, arrivant à Cherbourg le 1er août 1909, se rendit à la Librairie du merveilleux à Paris fondée par Lucien Chamuel, acquise ensuite par Pierre Dujols (1862-1926), lieu où se croisait tout le monde de l'occultisme. Il fut ensuite dirigé vers Toulouse, où il est reçu, selon lui, le 12 août, à l'intérieur d'un mystérieux château possédant une vielle tour appartenant au comte de Bellcastle-Ligne, dans l'Ordre de la Rose+Croix. Ainsi à son retour aux Etats-Unis, se disant missionné pour implanter la Fraternité outre-Atlantique, Lewis fonde l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix.

7. D. Daffos et P. Hillion, De l’originalité de la pensée de Camille Savoire, Actes du Colloque S.F.E.R.E., 14 avril 2007 – Palais du Luxembourg, n.d., p. 41.

8. P. Noël, Le Rite Écossais Rectifié en France au XXe siècle, Cahiers Villard de Honnecourt,n°45, 2ème série, 2001, p. 190.

9. Cf. Charte-Patente constitutive du Grand Directoire des Gaules, 23 mars 1935.

10. Cf. Traité d’Alliance et d’Amitié entre le Grand Directoire des Gaules et le Grand Prieuré d’Helvétie, 25 juillet 1935.

11. Jean Bricaud considéra en effet que la succession de la Grande Profession du Régime écossais rectifié, que détenait tout à fait régulièrement Édouard Blitz (1860-1915) - entré en maçonnerie en 1883, reçu Chevalier Bienfaisant de la Cite Sainte (C.B.C.S.) et Grand Profès du Régime rectifié à Genève le 15 mai 1901 -, était le canal par lequel il pouvait se rattacher à Martinès de Pasqually et à l’Ordre des élus coëns, ceci faisant qu’il réveilla les coëns et les degrés non pratiqués depuis la cessation des activités de l’Ordre au XVIIIe siècle.

12. Cf. L’Ordre des Elus Cohen et sa Filiation par Sâr Aurifer, n.d.

13. Ibid.

14. J. Baylot, Histoire du Rite Écossais Rectifié de France au XXe siècle, Collection historique, Grande Chancellerie de l’Ordre, 1976, p. 39.

15. J.-A. Faucher, A. Ricker, Histoire de la Franc-maçonnerie en France, Nouvelles éditions Latines, 1978, p. 418. Le Mouvement Synarchique d’Empire (M.S.E.), serait né dans les années d’avant-guerre, s’appuyant sur un document intitulé «Pacte synarchiste révolutionnaire pour l'empire français», texte politique comportant près de six cents propositions articulées autour de treize grands points, texte destiné à faire advenir un nouveau système politique rationnel dans une perspective anticommuniste, de sorte de mettre fin à la lutte des classes, de façon très différente évidemment que celle envisagée par le déterminisme historique marxiste. Ce mystérieux mouvement synarchique – s’inspirant des thèses de Saint-Yves d’Alveydre (1842-1909) exposées dans ses ouvrages : Mission des Souverains par l’un d’eux (1882) ; La France vraie (1887), dans lesquels il annonçait la création d’une organisation destinée à établir dans le monde le régime de l’avenir basé sur la loi synarchique -, aurait été fondé en  1922, et dont Jean Coutrot (1895-1941) fut l’un des dirigeants, polytechnicien qui joua un rôle dans l’avènement du Régime de Vichy en 1940, cofondateurs des Nouveaux cahiers, revue qui plaidait en faveur d’une collaboration économique franco-allemande -, ayant pour but l’établissement d’un pouvoir technocratique exercé par des gestionnaires, réduisant le pouvoir du peuple, en raison de sa nature « d’éternel souverain mineur ».

16. Le journal « Vaincre », édité par Pierre Plantard qui en fut le directeur gérant, domicilié au 10, rue Lebouteux, était un mensuel, édité sur quatre pages de petit format. Dans son premier numéro, paru le 21 Septembre 1942, on y déclarait «vouloir redonner à la Patrie la puissance de vivre avec un idéal chevaleresque et l’abnégation du moi ». « Vaincre », prônait « l’union nationale, l’entente des peuples unis dans un véritable socialisme, bannissant à jamais les querelles créées par les intérêts capitalistes ». En dernière page, étaient reproduits les Statuts de l’Association dite « l’Alpha Galates », se définissant comme « Grand Ordre de Chevalerie ».

17. L’Ordre comportait trois subdivisions : le Temple, la Cité et les Arches : « Le Temple a pour but de récompenser les chevaliers ayant suivi fidèlement la voie de l’Ordre, ce qui permettra à un simple membre d’une Arche, de devenir Haut dignitaire dans le Temple. Le Temple se compose de neuf grades (…) La Cité a pour mission d’enseigner aux membres de l’Ordre les principes de leur tâche, action résumée en deux termes : Connaissance de l’idéal et Amour de combattre pour cet  idéal. Elle possède trois degrés : Néophytes, Disciples et Apôtres. Les Arches ont pour mission d’accomplir l’œuvre d’entraide de l’Ordre et de diffuser sa doctrine. » (Cf. Statuts de l’Alpha Galates, Grand Ordre de Chevalerie, 27 décembre 1937, Art. 4.) Pierre Plantard, après des épisodes multiples mêlant liens initiatiques, faits-divers, faux en écriture, prétention au trône de France en tant que descendant des mérovingiens - qui se fit connaître après-guerre en tant que Grand Maître d’une société secrète devenue mythique, « Le Prieuré de Sion », confrérie se vouant à la rénovation morale de l’Europe et travaillant à l’unification du continent -, son nom étant indissociablement lié au mystère de Rennes-le-Château.

18. Le journal « Au Pilori », qui accusa ensuite l’Alpha Galates d’être une officine maçonnique d’extrême-droite en révélant ses grades d’initiation, désigna Plantard du surnom de « Sa Majesté druidique » : « Nous exprimons notre admiration, avec une complète impartialité, pour ce nouvel Ordre de Chevalerie, et nous souhaitons à Sa Majesté druidique tout le succès possible dans l’accomplissement de son Œuvre. » (Cf. Au Pilori, 19 novembre 1942).

19. Pierre de France, Vaincre, n° 1, 1re Année, 21 septembre 1942, p. 1.

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21. C. Savoire, Qu’est-ce que l’Alpha ?, in «Vaincre », n° 4, 1er Année, 21 décembre 1942, p. 3.

22. Cf. Vaincre, n°3, 1re Année, 21 novembre 1942, p. 1.

23. Cf. Procès-verbal : audition de Pfannsteil, inspecteur Bailly Maurice, 4e Section, 8.10.45, interrogatoire par la Direction de la Surveillance du territoire  (D.S.T.).

24. A la demande du Président Pailhe, le Dr Camille Savoire, désigné comme médecin honoraire de l’hôpital Beaujon, fut entendu, suite à l’interrogatoire par la D.S.T., de la secrétaire d’Arthur Pfannsteil le 5 septembre 1945.

25. On notera, que par cette déclaration, Camille Savoire donnait une existence légale à une dénomination qui avait été, certes, parfois utilisée dès avant-guerre sous sa variante : « Grand Prieuré Indépendant des Gaules », mais qui ne figure cependant pas dans les termes de la « Charte-constitutive & Lettres-patentes » de mars 1935 délivrée par le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie au seul bénéfice du « Grand Directoire des Gaules » (ce « Grand Prieuré des Gaules » légalement déposé en 1946, moins encore identifiable d’ailleurs, à la matricule du Convent des Gaules de 1778, puisque l’expression « Gaules » désigne la France en son appellation romaine ancienne (lat. Gallia), englobant les trois Provinces de l’Ordre  (IIe Alvernia, IIIe Occitania, Ve Burdundia), mais n’est évidemment rattachée à aucun Grand Prieuré portant le nom « des Gaules » (sic), que l’on cherchera en vain à la matricule des trois Provinces françaises, arrêtée au Convent national tenu à Lyon en 1778. (Cf. MS 5.482, BM de Lyon).

26. Lettre de Camille Savoire au R.P. Berteloot, 27 mai 1947.

27. D. Daffos et P. Hillion, op.cit., p. 51.

28. C. Savoire, Préface, in C. Chevillon, Le Vrai Visage de la Franc-MaçonnerieÉditions des Annales Initiatiques, 1939.

29. R. Guénon, Le Voile d’Isis, décembre 1935, in Études sur la Franc-maçonnerie et le compagnonnage, Éditions Traditionnelles, t. I, 1964, p. 90.